ALL WE IMAGINE AS LIGHT au cinéma
Primé sur scénario par la Fondation Gan en 2022, ALL WE IMAGINE AS LIGHT de Payal Kapadia est en salles dès le 2 octobre.

© Condor Distribution
Une ode magique à la ville de Mumbai, Grand Prix au dernier Festival de Cannes
ALL WE IMAGINE AS LIGHT raconte l'histoire de trois infirmières dans la ville de Mumbai d'aujourd'hui : Prabha (Kani Kusruti), Anu (Divya Prabha) et Parvaty (Chhaya Kadam). Toutes trois ont quitté leur ville natale pour s’installer dans la mégapole.
Prabha et Anu sont colocataires. La première est une femme dévouée et consciencieuse dont le mari est parti en Allemagne pour travailler immédiatement après leur mariage arrangé. Il ne lui a pas téléphoné depuis plus d'un an mais elle rêve toujours de son retour. La seconde, plus jeune et plus légère, provoque un scandale parmi les commères de l'hôpital à cause de son petit ami musulman, Shiaz (Hridu Haroon). Pendant ce temps, Parvaty, leur collègue veuve plus âgée, est menacée d'expulsion car un promoteur immobilier a acheté son immeuble et son défunt mari ne lui a pas laissé les documents qui prouveraient son droit à rester dans les lieux.
Avec une délicatesse inégalée, Payal Kapadia brosse un portrait de Mumbai et de ses habitants qui est à la fois précis et impressionniste, empreint d'un réalisme poétique et marqué par une observation minutieuse des lieux et des êtres.
C'est un portrait de la ville si exceptionnellement riche et vivant que c'est presque un déchirement de la quitter lorsque, dans la seconde moitié du film, Prabha et Anu font le voyage vers un village en bord de mer où Parvati, finalement lassée du harcèlement constant des promoteurs de Mumbai, retourne vivre dans sa maison de sa jeunesse.
Mais le changement de décor prend rapidement tout son sens dans le cadre du thème plus large du film, celui du déracinement. Ce bref moment de répit, loin de l'agitation étourdissante de Mumbai, nous permet de nous concentrer sur les liens qui se sont tissés entre les trois femmes. Nous découvrons également que leur amitié en apparence fragile s'avère en réalité posséder une force inattendue.
S’affranchissant d’un réalisme presque documentaire, ALL WE IMAGINE AS LIGHT finit par donner à ses protagonistes ce que la ville n'a jamais pu leur offrir. Nous n'en dirons pas plus, car Payal Kapadia elle-même fait ces révélations à un rythme bien précis, distillant des touches métaphysiques avec la douceur d'une brise marine.
La cinéaste et ses actrices se sont confiées à notre caméra lors du Festival de Cannes :