Sur le tournage de BLOODY MILK et de CORNELIUS, LE MEUNIER HURLANT

La Fondation Gan s'est rendue sur les tournages de deux de ses lauréats 2015, Hubert Charuel et Yann Le Quellec.

Tournage Petit Paysan

Photo prise sur le tournage de BLOODY MILK.

On va voir les vaches ?

Maud, Gourmande, Biniou sont les noms des "stars" du premier long-métrage de Hubert Charuel, BLOODY MILK (produit par Stéphanie Bermann et Alexis Dulguerian – Domino Films) : des laitières Prim’Holstein (et un veau) partagent la vedette avec Swann Arlaud et Sara Giraudeau dans ce « thriller paysan ». L’équipe de la Fondation leur a rendu visite un beau jour de septembre à Droyes (Haute-Marne), dans la ferme familiale, où a grandi le réalisateur et où est tournée une grande partie du film. Toute la famille, des parents au grand-père, participe à cette nouvelle aventure, qui mêle l’histoire personnelle d'Hubert à la réalité difficile du monde paysan d’aujourd’hui. « J’ai toujours été dans la ferme, j’y ai grandi et travaillé. Elle est la raison de mes complexes et de mes fiertés. Je suis fils d’éleveurs laitiers mais je suis sorti diplômé de la Femis en production en 2011. Je suis fils unique et je ne reprendrai pas la ferme de mes parents. Ce film est pour moi comme une projection de ma vie parallèle, celle que j’aurais dû avoir ». Ce premier long-métrage a ceci de particulier que la ferme, « matérialisée » par les vaches, est un personnage à part entière…  800 kilos x 30 bêtes ! Ainsi, toute l’équipe de tournage vit au rythme des ruminants : les habituer aux hommes, aux projecteurs et à la caméra, les rassurer par des gestes grâce à des dresseurs animaliers présents en permanence, les traire chaque jour… Des gestes que Swann Arlaud et Sara Giraudeau, frère et sœur à l’écran, ont appris et répétés patiemment avant et pendant le tournage. «Nous voulons  raconter une histoire simple dans un univers particulier… Une histoire tendue et tragique, noire dans le drame comme dans la comédie. Nous voulons sentir l’enfermement et l’oppression que peut représenter une ferme, la prison à ciel ouvert» expliquent Hubert et Claude Le Pape, coscénariste. Loin du cliché de la campagne bucolique, ce film montre le monde paysan comme nous avons peu l’habitude de le voir mais parle surtout d’un homme prêt à tout pour sauver sa ferme, son mode de vie.

Photo prise sur le tournage de CORNELIUS LE MEUNIER HURLANT.

 « Avant de filmer les acteurs, il faut savoir filmer des montagnes »

Yann Le Quellec a cette phrase de Lubitsch bien à l’esprit depuis qu’il porte son premier long-métrage, CORNELIUS LE MEUNIER HURLANT (produit par Patrick Sobelman et Marc Bordure – Agat Films). Et c’est en plein territoire des Causses et des Cévennes qu’il a décidé d’installer son histoire. Dans ce sublime écrin naturel, règnent en maître d’impressionnantes gorges, la rivière la Vis et un silence absolu. Et au fin fond d’une de ces gorges, le hameau de Navacelles (quelques dizaines d’habitants !) est devenu le décor et la base de l’équipe du film. C’est en plein milieu d’une bagarre que nous arrivons ! C’est une des scènes du film qui a la particularité d’être tournée en nuit américaine (recréer un effet nuit en plein jour) : entourés de grands projecteurs, on découvre une dizaine de figurants et certains acteurs tels qu’Anaïs Demoustier, Denis Lavant ou Gustave Kervern, comme sortis du lit ; ils haranguent Cornelius, le meunier (interprété par le circassien Bonaventure Gacon) qui enchaîne les figures et les faux coups avec un autre comédien ! Une belle entrée en matière pour ce film (adaptation d’un roman de Arto Paasilinna), qui multiplie les personnages cocasses et les situations burlesques. « L’attention aux corps et aux mouvements est au cœur de mon désir de mise en scène et se nourrit de ma passion pour le burlesque » explique le réalisateur. « Ce film évolue au bord du conte et flirte avec la comédie musicale et le western ». Au delà de l’importance accordée à une nature omniprésente et riche de sensations, le réalisateur a également  porté  une attention toute particulière aux autres décors et notamment à celui du moulin à vent, entièrement construit pour les besoins du film… Cette merveille, installée tout en haut du causse, surplombe la vallée et nous donne déjà la promesse d’un film spectaculaire.