À qui trouve le cinéma parfois trop sage et l’époque trop morose, nous nous réjouissons cette année d’inviter, pour présider notre jury de l’Aide à la Création, un artiste excentrique, mais aussi perspicace et cinglant, le cinéaste Antonin Peretjatko.

Affilié à Otar Iosseliani, Jacques Rozier, Jean-Pierre Mocky, Dino Risi, il voulait d’abord être magicien. Il a choisi de s’exprimer par l’image animée et n’hésite pas à prendre le contre-pied des habitudes : il tourne entre 21 et 23 images par seconde, se passe de scripte, se moque des bons raccords, débraille ses acteurs… Mais attention rien n’est laissé au hasard dans ce cinéma où tout a l’air de partir à volo. Si rien ne semble réaliste, tout est bien ancré dans le réel.

Dénoncer l’absurdité de notre monde d’aujourd’hui et retrouver l’envie d’aimer sont ses sujets de prédilection, traités sous forme de satires, d’allégories potaches (LA FILLE DU 14 JUILLET, LA LOI DE LA JUNGLE), ou de vaudeville féroce (LA PIЀCE RAPPORTÉE). Son humour corrosif provoque un rire jaune, un rire de colère. Ses comédiens, comme Vimala Pons, Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Philippe Katerine, sont, comme le dit Vincent Macaigne, des comédiens qui « ont le truc ! » ; le truc pour la comédie, mais aussi le goût de la poésie et du romanesque.